mardi 9 septembre 2008

« Pour les siècles des siècles », Anne Plantagenet


Dans chacune de ces sept nouvelles qui constituent autant de variations sur le thème éternel du sentiment amoureux, les protagonistes, toujours un homme et une femme, portent les prénoms des couples d’amoureux mythiques, comme si l’auteur essayait de transposer les histoires d’amour dans la modernité pour voir ce qu’il en reste.

C’est que souvent dans ce recueil la modernité dresse des obstacles à l’amour. Dans une des nouvelles intitulée http://amour.com, Dante, un éditeur, envoie un e-mail à sa Béatrice, une femme mariée plus jeune que lui. A une autre époque, il aurait écrit une lettre et ne l’aurait jamais envoyé, mais là, l’immédiateté de l’envoi par e-mail fige la première impulsion avant qu’il ait le temps de se reprendre. S’ensuit alors le long monologue intérieur du vieil éditeur en proie au doute et à la peur du ridicule. Dans une autre nouvelle, Aurélien, époux maladroit, offre à Bérénice un cadeau qui jette un froid dans leur relation : un vibro-masseur. Cet objet sèmera-t-il le trouble dans leur couple ?

La nouvelle la plus réussie du recueil est certainement « Ne pas revoir » où une femme mariée qui vient de refuser une liaison avec un homme qu’elle aurait pu aimer s’interroge que ce moment où tout aurait pu basculer et où elle a choisi la fidélité : « C’est avec vous que j’aurais chuté. C’est sous vos lois que je serais tombée. J’en tremble quand j’y pense. A ce qu’on a frôlé. On est passé tout près. A quoi ça tient une vie ? »

Avec grâce et élégance, Anne Plantagenet décortique toute une palette de sentiments amoureux, le désir, la jalousie, l’amour éternel, l’attente. Elle fait entendre les voix de ces hommes et de ces femmes qui s’attendent, se désirent, se fuient, s’aiment ou se perdent.

« Pour les siècles des siècles », Anne Plantagenet, Stock, 2008, 157 p.,15,50€.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est un plaisir de lire des nouvelles quand le travail, par exemple, nous éloigne des pavés qui demandent une lecture suivie.

Parmi les Françaises, Annie Saumont, pour les Italiennes rosetta loy, et pour les Américaines dorothy parker, je ne cite que des femmes (sourire), tiennent le haut du pavé.

un des fils consacrés aux nouvelles en général
http://grain-de-sel.cultureforum.net/pratiques-culturelles-habituelles-ou-en-cours-f9/aimer-les-nouvelles-ou-pas-t3765.htm?highlight=nouvelles